Le retour de congé maternité est un non-pensé de la carrière des femmes. Il passe inaperçu pour l’extérieur alors même qu’il est souvent ressenti comme un tsunami intérieur vécu en silence par les mères.
Les parcours se ressemblent hélas et sur le terrain les femmes nous confient le plus souvent les mêmes motifs de déception voire de rupture du lien de confiance avec leur employeur au moment de la reprise.
Si vous cherchez à améliorer l’accueil que vous faites à vos collaboratrices en retour de congé maternité et à prévenir les RPS (risques psycho sociaux) de façon efficace, voici donc trois axes d’action qui feront la différence.
Au sommaire de l’article
- Prévenir l’épuisement maternel
- Renforcer le lien de confiance employeur – employée
- Accompagner l’allaitement maternel choisi
Le retour de congé maternité est un non-pensé de la carrière des femmes. Et les parcours se ressemblent hélas, avec des difficultés traversées en silence et dans l’isolement pour relever les nombreux challenges de la reprise: reprendre le travail, retrouver un nouveau rythme, laisser son enfant, trouver une nouvelle organisation à la maison, ….
La réalité de l’accueil fait par l’employeur est souvent bien en deçà des attentes : 1 femme sur 2 estime que son entreprise ou son manager n’ont pas été assez à l’écoute ou compréhensif à son retour de congé maternité. Près d’une femme sur trois a trouvé son poste modifié à son retour. Souvent le congé se fait hors la loi : 81% des femmes ont repris le travail sans bénéficier de leurs droits (visite médicale, entretien de retour).
Sur le terrain, les femmes nous confient le plus souvent les mêmes motifs de déception, voire de rupture du lien de confiance avec leur employeur au moment de la reprise.
Voyons ensemble quels sont les 3 axes sur lesquels agir pour faire vraiment la différence en tant qu’employeur, préserver le lien et bien accompagner vos talents féminins.
1- Prévenir l’épuisement maternel
Ce que vivent les femmes : une fatigue voire un épuisement que le travail accélère
L’impact de la reprise sur la santé physique et psychologique est le premier élément que l’on nous partage au sein de nos ateliers dédiés au retour de congé maternité. Les femmes sont déjà éprouvées par trois trimestres de grossesse et un quatrième trimestre de post-partum à s’occuper d’un nourrisson souvent seule et avec des nuits courtes et hachées. La reprise du travail ajoute de la fatigue et de la charge mentale avec de nouveaux challenges qui s’ajoutent.
Malgré ce long enchaînement éprouvant, les femmes nous confient généralement que c’est un mois après la reprise qu’elles expérimentent un pic de fatigue physique, mentale, psychologique. Or, pour le reste du monde, les choses sont rentrées dans l’ordre et les femmes doivent avoir retrouvé un rythme de croisière.
C’est évidemment loin de la réalité et c’est précisément à ce moment qu’elles apprécieront un environnement de travail flexible, compréhensif et soutenant.
Comment participer à atténuer la fatigue ou ne pas en rajouter en tant qu’employeur ?
- Faciliter l’accès au télétravail
- Alléger les journées et la charge de travail les premiers mois
- Organiser des entretiens de suivi réguliers avec le manager et/ou l’équipe RH pour évaluer l’état de la collaboratrice et ses éventuels besoins
- Suspendre les mobilités et les déplacements les premiers mois
- Organiser la visite médicale de reprise
2.Renforcer le lien de confiance employeur – employée
Ce que vivent les femmes : la fragilisation voire la rupture du lien de confiance avec son employeur
La reprise du travail vient matérialiser un grand changement pour la femme. C’est la naissance de la mère active, un tournant dans sa vie intime et professionnelle. Et ce changement est accompagné de beaucoup de questions : est-ce que je vais avoir les mêmes envies et les mêmes chances d’évolution après ? est-ce que je vais retrouver mon poste inchangé ? est-ce que je vais être pénalisée si j’ai moins de temps à consacrer au travail ?
Reprendre le travail c’est retrouver un nouveau rythme, redécouvrir une équipe et une entreprise qui ont peut être changé en quelques mois, reprendre ses repères à son poste et aménager ces objectifs en fonction de nouvelles contraintes, retrouver sa place dans le collectif … Cela prend du temps ! Et cette transition sera d’autant mieux vécue avec un employeur qui en a conscience et qui accorde ce temps de tâtonnement.
Or les femmes en reprise nous confient souvent regretter un manque de compréhension, d’indulgence ou de souplesse de la part de leur employeur. Concrètement cela va se matérialiser par des remarques blessantes à la première erreur, par le fait d’être écartées de certaines promotions, réunions ou projets, par une forme de rigidité ou de suspicion en refusant du télétravail ou d’alléger les horaires.
Elles ont l’impression que leurs employeurs ne se projettent pas avec elles à long terme, qu’elles sont désormais vues comme moins performantes ou engagées de fait.
C’est un moment bien au contraire où l’on souhaite recevoir de la confiance en soi et en l’avenir, de l’espace pour prendre son temps sans culpabiliser, …
Comment donner envie de se projeter et renforcer le lien côté employeur ?
- Organiser des entretiens pour faire le point régulièrement sur la reprise du rythme, la montée en charge sur les dossiers, l’engagement et la motivation, etc.
- Aménager les premières semaines, les premiers mois, les horaires et assouplir les conditions de travail en confiance
- Accepter les congés parentaux ou le temps partiel sans jugement et en les intégrant aux parcours professionnels
- Former les managers à mieux accueillir et accompagner leurs collaboratrices à la reprise pour préserver la relation de confiance, voire même s’en servir pour consolider le lien
3- Accompagner l’allaitement maternel choisi
Ce que vivent les femmes : des difficultés liées à la poursuite de l’allaitement au travail
45% des femmes n’ayant pas allaité au travail n’ont pas essayé car elles ont anticipé les difficultés, et parmi celles qui ont allaité, 25% ont décidé d’arrêter les premiers jours face aux difficultés.
Il faut avoir à l’esprit que la femme dans cette situation n’a que très peu de temps pour réfléchir et s’organiser, se renseigner ou se faire accompagner correctement, pour un sujet pourtant majeur qui va toucher à la santé et à l’équilibre de son enfant. La question de l’allaitement peut soulever beaucoup de stress et d’émotions car tout peut se jouer en quelques jours.
Au moment de la reprise, alors que le stress et la charge mentale sont déjà énormes, elle ne va pas nécessairement avoir le temps et la disponibilité mentale de tout anticiper, d’exprimer ses besoins et ses attentes, de prendre le temps d’organiser les choses au mieux pour elle et son enfant.
Les difficultés que les jeunes mères nous confient alors :
- essayer de poursuivre l’allaitement souvent en silence, gênées d’en parler à leur employeur si le sujet n’est pas mis à l’ordre du jour
- ne pas bénéficier d’un espace dédié et de devoir tirer leur lait dans les toilettes, emprunter un bureau ou se cacher …
- ne pas avoir de temps dédié malgré le fait que la loi soit de leur côté et qu’elles aient besoin d’avoir un moment régulier et plutôt à heures fixes jusqu’à plusieurs fois par jour, pour ne pas mettre en danger leur lactation
- tâtonner pour avoir le matériel nécessaire au bureau pour stocker, réfrigérer et transporter de façon discrète de la maison au bureau matin et soir.
- souffrir parfois des remarques maladroites ou blessantes, de jugements de la part des collègues
Elles peuvent en conséquence ressentir du ressentiment par rapport au travail, de la culpabilité et un sentiment d’échec, de la fatigue à faire en sorte que tout fonctionne malgré les difficultés.
Comment bien accompagner l’allaitement maternel côté employeur ?
- Un premier point essentiel : connaître et respecter la loi
- l’autorisation d’absence de 30 minutes deux fois par jour, pour allaiter ou tirer son lait, jusqu’au 1 an de l’enfant
- la mise à disposition d’un local aménagé si plus de 100 salariées dans l’entreprise
- Aménager un espace dédié et équipé pour que la femme puisse tirer son lait en toute sérénité et discrétion
- Sensibiliser les équipes pour que ce ne soit pas un tabou et pour prévenir les stigmatisations (affichage, note d’équipe, … )
- Sensibiliser les managers pour qu’ils prennent la mesure de l’enjeu et prennent les devants : anticiper et en parler avec la collaboratrice à son départ et pendant le congé pour la rassurer, intégrer ces sujets à l’entretien de reprise, informer la collaboratrice de ses droits